Martin Ouellet
3 mai 2017
Philippe Tétreau
3 mai 2017
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ANNIE-CLAUDE

Thériault

Photographie par Justine Latour

 

A nnie-Claude Thériault a remporté le Prix de la nouvelle Radio-Canada 2015 et le Prix des lecteurs Radio-Canada 2012 pour son premier roman QUELQUECHOSE COMME UNE ODEUR DE PRINTEMPS . Elle vit à Montréal et y enseigne la philosophie.

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LES FOLEY

C’est le mystère d’une plante carnivore que Laura croit pouvoir percer lorsqu’elle débarque sur la petite île rouge de Miscou. Désemparée. Esseulée. Mais c’est plutôt une insignifiante bibitte à patate qui lui fera découvrir ce qu’elle cherchait peut-être réellement: quelque chose comme le réconfort de d’autres avant soi.

Les Foley, c’est le destin de cinq femmes: Eveline, qui pousse sa famille à fuir vers l’Amérique; la petite Nora, qui se réfugie dans l’amour des mots et de soeur Jeanne à la fois; Ellen, qui vit seule dans les bois sous le joug d’une étrange mère; Blanche, qui prend soin du miséreux Cinq-Cennes; et Eveline, qui rêve de liberté, de Jonh F. Kennedy, de bout du monde et de modernité.

C’est une fresque qui débute avec un petit coléoptère, venu porter la guigne à la matriarche de la famille, au fond d’un champ de pommes de terre en Irlande. Pourra-t-on rompre cette malchance en se réfugiant dans la tendresse ou en s’isolant dans les bois? Ou est-ce que la mémoire des Foley ne pourra que s’effondrer, pire même, s’effacer?

Les Foley ce sont cinq portraits de femmes que Laura semble raccrocher aux murs vides de sa maison. Des portraits qui sentent la tourbe, l’orme qui brûle, le Stew et le Toffee Pudding. Des moments d’histoires qui se révèlent par temps gris avec un thé ou un Whiskey. Ce sont des femmes qui bercent, qui lisent, qui trappent, qui cuisinent et qui aiment. Mal, souvent, mais qui aiment. Des femmes qui cherchent finalement peut-être simplement toutes la même chose: survivre. Ne pas s’effacer.

Encore peut-on traverser l’océan, vouloir conduire un Panel Truck bleu jusqu’au bout du monde ou fuir au fin fond d’une île à la tourbe pourpre, on ne pourra jamais l’oublier: quelqu’un nous a toujours précédés.


290 pages / Prix: 25.95$ / ISBN 9782923896977

LES FILLES DE L'ALLEMAND

Rose est née dans les concessions, un pays de buttes et d'épinettes, d'ours noirs et de cerfs. Lorsque son père, un Allemand au passé nébuleux plus près de la bête que de l'homme vend Marguerite, sa sœur jumelle, la petite Rose en sera à jamais meurtrie.

Alors que Marguerite se retrouvera à travailler dans un abattoir parisien, Rose, elle, tentera de refaire sa vie sur une ferme entre confitures et amours tourmentées. Elle s'installera avec son mari Louis Hébert, leurs enfants et leurs petites-filles près des bleuetières. Elle tentera maladivement d'oublier les longues mains effilées de son père, ses yeux verts comme un lac clair et l'humidité du sous-sol en terre battue de la maison de son enfance. Chez Rose Hébert, on chauffe un gros Bélanger rose saumon, on mange des biscuits à la farine d'avoine et on s'occupe des enfants comme de petits poussins que l'on couve.

L'histoire des filles de l'Allemand traverse les forêts et l'océan, se déroule entre les vaches au ventre gonflés et les oies égarées, entre un Berlin au New Hampshire et les sous-marins allemands. C'est plus que la transmission, c'est la force gravitationnelle de l'hérédité qui pèse sur les générations.

Dans ce 20e siècle marqué par les guerres où les champs sont encore minés, les familles sont décimées ; les granges brûlent; les cochons entrent dans les églises. Les humains, telles des marionnettes, ne semblent pas choisir leur destin.


352 pages / Prix: 25.95$ / ISBN 9782923896595